La répression, dans le sang, des manifestations étudiants de 1989 sur la place Tiananmen, dont nous marquons la 20e anniversaire cette semaine, a inspiré un geste de résistance des plus émouvant--et des plus connu, mondialement--de la part d'un jeune Chinois connu seulement sous le nom de "Tank Man".
Cliquer ici pour voir le clip vidéo de la confrontation dans son intégralité. Tank Man monte sur le char blindé dans un effort pour parler aux soldats; d’autres Pékinois prennent Tank Man en mains, le sortant de la scène avant qu’il ne se fasse tirer dessus.
Depuis, cette image est rentrée dans notre mémoire collective, à la fois en Chine et en Occident, peut-être plus en Occident qu’en Chine d’ailleurs.
En Chine, au lendemain du bain de sang de 1989, le régime chinois lance une campagne de propagande dans l’objectif de racheter son image, surtout auprès des Chinois qui n’habitent pas dans les grandes villes et n’ont pas assisté aux manifestations. Un des thèmes alors martelés est celui de la violence des manifestants envers des jeunes soldats innocents; une des images mises de l’avant—dont je me rappelle très bien mais que je ne suis pas arrivé à retrouver—est justement celle d’un soldat, le corps noirci par les brûlures, pendu à la tourelle d’un char, lui aussi carbonisé. Les images suivantes permettent de se remettre dans le contexte, même si leur impact reste moindre.
Après 20 ans, les autorités chinoises restent sensibles sur la question; un bloggeur en Chine raconte que l’écran de son ordinateur devient blanc dès qu’il tape « Tank Man » dans Google. Des blogues étrangers—y compris le nôtre, en fait tout ce qui est sur blogspot—sont bloqués en Chine depuis quelques semaines.
En Occident, l’image du Tank Man a connu diverses mutations depuis vingt ans. Certaines gardent l’esprit critique de l’originale, comme celle-ci, qui compare—défavorablement—le « courage » de Google—et par extension d’autres services web occidentaux installés en Chine.
1 commentaire:
L'effort d'effacement du 4 juin de la mémoire collective est non seulement un fait de la Chine continentale. Malgré toutes les campagnes pour la défense du souvenir du massacre à Hong Kong, le système éducatif demeure toujours vague quant à la façon de l'enseigner. Le plus souvent, on préfère ne pas en parler. Les écoles internationales, quant à elles évitent carrément le sujet et préfèrent offrir des cours de *culture chinoise*.
Pour plusieurs jeunes d'Hong Kong, Tiananmen n'est donc que l'histoire d'un petit groupe de *troublemakers* qui sont allés trop loin. Ainsi, ceux-ci méritaient d'être punis.
Une réforme de l'enseignement de l'histoire est donc difficilement envisageable à Hong Kong. Il est à douter que les pédagogues d'ici iront aussi loin que décrier publiquement les positions historiques de Beijing.
Beaucoup plus confortable est la position actuelle: étudier la grandeur de la Chine d'antan et la grandeur de l'empire britannique.
Un pays, deux systèmes? Vraiment?
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