dimanche 10 mai 2009

Lu et vu: sur l'anniversaire du tremblement de terre à Sichuan



L’an 2009 est riche en anniversaires en Chine : 90e anniversaire du Quatre mai, mouvement étudiant et iconoclaste qui, selon certains, marque le début de la modernité chinoise; 60e anniversaire de l’avènement de la République de Chine; 20e anniversaire des manifs de Tian’anmen, et de leur suppression sanglante; 10e anniversaire de l’affaire Falun Gong…

Mardi prochain, le 12 mai, nous commémorons la 1ere anniversaire du grand tremblement de terre de Sichuan, un événement qui en dit long sur la condition de la Chine contemporaine. 70,000 morts, 5 à 10 personnes millions laissées sans logement, chiffres qui nous rappellent le caractère massif de la Chine. La réponse rapide et efficace du gouvernement chinois (relativement à Myanmar, face au cyclone Nargis ou même aux États-unis de Bush fils face à Katrina) et l’ouverture—relative là encore—de la Chine aux journalistes internationales et à l’aide extérieure, ce qui nous rappellent l’évolution politique d’un régime qui reste autoritaire mais qui n’est plus totalitaire. En revanche, le scandale des écoles dans la zone sinistrée, écoles mal construites par les fonctionnaires locaux corrompus, et de ce fait parmi les premiers édifices à tomber, scandale que les gouvernements—central et locaux—ont tenté d’étouffer depuis, nous rappelant les mauvaises habitudes d’un régime qui manque toujours de transparence et de démocratie.

Pour comprendre le drame humain qui a été le tremblement de terre, nous recommandons le reportage extraordinaire de Melissa Block, journaliste à National Public Radio (le Radio Canada américain). Mai dernier, elle se trouvait par hasard à Sichuan, micro en main, au moment que le séisme a frappé, et en a profité pour livrer une série de reportages des plus émouvants. Elle est retournée à Sichuan cette année pour revisiter certaines des personnes interviewées l’an dernier, laissant parler les gens qui ont tout perdu—parents, enfants, maison, emploi. Cliquer ici pour accéder aux reportages de l’an dernier et de cette année et ici pour le blogue associé. Malgré le ton inévitablement sombre du reportage, Block ne se laisse pas aller dans le mélodrame, mettant en premier plan le courage et la dignité des Chinois. Moment inoubliable : entrevue avec des enfants rendus orphelins par le tremblement de terre et qui ont transformé leur expérience en musique. À écouter.

David Ownby

2 commentaires:

Emilie Cadieux a dit…

12 mai 2008, je suis à Xi'an, dans un Carrefour, jouant à la traductrice pour l'une des touristes du groupe que j'accompagne qui a perdu sa caméra et souhaite se ré-armer du précieux clic-clic avant la fin du voyage. L'outil finalement en main après plusieurs sourires qui en disent long sur mon désir de passer ma journée de congé dans un Carrefour, nous venons à peine de sortir du gigantesque immeuble que le mal me prend, un haut le coeur indescriptible, comme si j'étais sur un bateau qui tanguait ou dans le Boomerang à La Ronde. Je me tourne vers celle qui m'accompagne, elle est pâle, semble étourdie, veut s'asseoir. L'instant de quelques secondes, je ne comprends pas ce qui se passe, n'ayant jamais vécu un tremblement de terre et m'imaginant de toutes façons que ça doit se passer comme dans les films, que tout se met à trembler, les verres tombant des tablettes, les gens se plaçant sous les cadres de porte. Dans les secondes qui suivent, je pense à une fuite de gaz, à une indigestion, mais pas à un tremblement de terre. Questionnant tant bien que mal les gens autour de moi, une Chinoise me crie que c'est un tremblement de terre et que les immeubles risquent de s'écrouler. Vite, dans le milieu de la rue !, me dit-elle. Une terrible inquiétude me prit, la peur me serra le coeur, en l'espace d'une minute, j'ai pensé que c'était peut-être la fin (vous savez, la panique). Bref, un 2 minutes que je n'oublierai jamais, une touriste qui se rappelera que je lui ai serré la main très fort, mes pensée allant dans tous les sens, le sang froid ne me revenant qu'après de très très longues secondes. Dans les jours qui ont suivi, mon groupe et moi avons été témoins, via la télévision et les journaux chinois, de l'horreur de l'événement, nous avons vu la Chine se mobiliser comme rarement, l'apologie de l'efficacité du gouvernement décrite dans tous les médias, les banques de sang dans les temples bouddhistes, les levées de fonds dans les entreprises, la conscientisation que tous doivent se mobiliser. Bref, un 5,6 sur l'échelle de Richter en direct de Xi'an que je n'oublierai jamais et surtout ce sentiment inexplicable que la fin peut survenir à tout moment ...
Merci pour le post David !

Simon Hobeila a dit…

Pour en voir et en entendre plus sur le projet
Afterquake
qui a échantillonné et mis en musique les chants de survivants du tremblement de terre, voir
cette vidéo
qui nous en fait rencontrer les protagonistes principaux, survivants et musiciens.
(via danwei.org)